Dengeki Daisy / 電撃デイジー / Electric Daisy

Ces dernières années, des shôjos et shônens parvenant dans nos vertes contrés sont devenus des incontournables : Letter Bee, Otomen, Nabari, Black Butler, Superior, Full Metal Alchemist, … Pour certains l’attente est insoutenable : Hunter x Hunter, 7 Seeds, Guin Saga (version Kazé Manga), Shinobi Life, …
Ajoutez un nouveau shôjo manga à votre liste des tortures : Dengeki Daisy de Kyôsuke Motomi, édité chez Kazé Manga !

2010_dengeki-daisy_01Petit résumé de l’histoire

Teru Kurebayashi est une lycéenne qui vit seule depuis la mort de son frère. Avant de mourir, celui-ci lui donne un téléphone portable lui permettant de contacter le mystérieux Daisy, un confident pouvant la soutenir et l’aider au quotidien, un frère de substitution.
Malgré sa pauvreté, Teru est une fille au caractère bien trempé et qui ne se laisse pas faire au lycée. Sauf qu’un malheureux incident l’oblige à travailler pour le gardien du lycée, Tasuku Kurosaki, qui la fait travailler d’arrache-pied, la martyrise et la tourne en bourrique.

2010_dengeki-daisy_15Teru se retrouvant régulièrement dans des situations problématiques, elle se fait parfois aider par Daisy qui se révèle être un célèbre hacker, parfois par Tasuku qui n’est pas si indifférent à ses états d’âme. Au fur et à mesure, ils découvrent que ces incidents sont liés à Sôichirô Kurebayashi, le frère de Teru récemment décédé, et au téléphone qu’il lui a confié.
Pourquoi le gardien de l’école s’intéresse autant à Teru ? Qui est Daisy ?? Que contient ce téléphone ??? Que s’est-il passé avant la mort de Sôichirô ???! Tant de questions qui tourmenteront le fan de shôjo qui est en vous, la sortie de chaque tome apportant délivrance et nouvelles questions …

Un duo de choc

2010_dengeki-daisy_06Teru Kurebayashi : cette héroïne est un mélange des profils typiques du shôjo manga : la fille forte, débrouillarde et économe (Makino de HanaDan), la lycéenne intelligente et respectée (Miyazawa de KareKano), la lycéenne sensible débordante de bons sentiments (euh les ¾ des shôjos ?).
Elle est un parfait équilibre entre ces trois profils et transcende l’héroïne shôjo en y ajoutant de l’humour et de la répartie sans avoir nécessairement un grain (cf Koizumi de LoveCom). L’auteur lui a ajouté un côté terre-à-terre, rationnel et rompu aux difficultés de la vie, parfoit abrupt mais toujours bienvenu.
Teru est adorable sans être niaise. De son passé, elle garde des souvenirs douloureux qui exacerbe sa sensibilité, sa gentillesse et son affection pour les gens qui l’entourent. Ils la poussent à dépasser sa tristesse et aller de l’avant, à donner le meilleur d’elle-même. Elle travaille dur, fait attention à ses dépenses et vit selon ses propres moyens : une jeune fille déjà active, se préoccupant d’autrui, responsable et indépendante, … un concentré de femme moderne. Et même si elle tombe amoureuse, elle demeure réaliste sur ses sentiments et son attitude à adopter, déraisonnable mais décidée.

!! Attention ce qui suit va dangereusement vous spoiler si vous n’avez pas lu le premier tome !! Dans ce cas lisez les quelques bulles et/ou allez directement vers la bio de l’auteur !

2010_dengeki-daisy_23Tasuku Kurosaki : c’est un anti-héros, un personnage ambivalent, un masochiste schizophrène (!).
A la fois gardien bon à rien et sarcastique, hacker doué et dévoué, un fumeur aux cheveux décolorés terrorisant les élèves, sortant Teru de situations difficiles par des moyens détournés, c’est un jeune obsédé, timide et fou amoureux.
Même s’il porte porte un masque, on ne sait pas quelle est sa réelle personnalité, s’il est bon ou mauvais, car il tient les deux rôles à la perfection. Tel un Bruce Wayne / Batman, les deux vies finissent par s’influencer.
Tiraillé par les paroles de son ancien ami Sôichirô Kurebayashi, ex brillant ingénieur, il se reproche des faits dont Sôichirô a endossé la responsabilité et dont il est mort. Il trouve du réconfort auprès de ses anciens collègues et amis ingénieurs Riko Onizuka et le patron du bar « le champs des fleurs », tout en ne cessant de lui rappeler le poids de son passé et son rôle de protecteur dévoué envers Teru.
Tout héros de shôjo qui se respecte est un chevalier servant, un brin gentleman (de l’extrême Masamune d’Otomen à Ôtani de LoveCom), critères respectés par l’existence de Daisy, mais ils sont combinés au côté « bad boy » de Tasuku, dont il a l’apparence (cheveux décolorés, clope au bec, un peu obsédé). Comme Teru, c’est un personnage terre-à-terre : il ne s’embarasse pas de choses superficielles, il est préoccupé par sa mission et ses objectifs, et par l’importance de la femme qu’il a choisi parmi tant d’autres (cf Shuri de Basara, Kazehaya de Sawako).

Je ne vous présenterai que les deux personnages principaux, les autres étant assez peu développés sur les deux tomes qui sont sortis.

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De gauche à droite : le patron du « Champ des fleurs », Riko, Sôichirô, ainsi que les amis de Teru

Un récit dynamique, des thèmes originaux

Ce manga est très dynamique et rythmé, même s’il est structuré de manière cyclique, il n’est pas répétitif :

  • Côté action : Teru a le chic pour se retrouver dans des situations difficiles mais c’est à chaque fois pour aider ses amis et défendre ses convictions. Daisy vient à son aide lorsque la situation dégénère bien que Teru se défend comme elle peut. Daisy y montre son savoir-faire de cracker.
  • Côté intrigue : au quotidien, le passé douloureux de Tasuku vis-à-vis de Sôichirô ressurgit, tout en lui rappelant son rôle de protecteur anonyme auprès de Teru. Tasuku est déchiré entre responsabilité, culpabilité et amour.
  • Côté sentiment : Tasuku martyrise Teru qui le lui rend bien, mais à force de se côtoyer ils se rapprochent petit à petit … Entre attirance et rejet, plus ils sont proches et plus le rejet est soudain et incompréhensible pour Teru.

2010_dengeki-daisy_04Sans être dense, le manga apporte à chaque chapitre son lot d’avancés sur chaque aspect de l’histoire et aucun n’est ennuyeux ou inutile. Tout est lié : savoir ce qu’il s’est passé nous permettra de découvrir l’origine des sentiments de Tasuku ; lorsque Teru se confit à Daisy, Tasuku est au courant de ce qu’il se passe et peu agir en conséquence ; en protégeant Teru, Tasuku se rapproche d’elle et elle en se rapprochant de Daisy, elle se rapproche de Tasuku … un vrai sac de noeuds !
Mais un fil invisible relie Teru et Kurosaki, par le biais du téléphone, de Daisy, de Sôichirô. Ce lien est fort et les pousse irrémédiablement l’un vers l’autre.

Se met en place un jeu de cache-cache qui vous tient en haleine : qui est au courant de quoi, de ce que fait l’un, de ce que ressent l’autre ? Parfois ce sont les personnages qui tranchent et cassent le rythme et permet de passer à l’étape supérieure. Les multiples intrigues s’enrichissent mutuellement et se renouvellent sans cesse, à l’image de l’excellent Shinobi Life.2010_dengeki-daisy_24

L’intrigue amoureuse est aussi basée sur une constante contradiction des personnages qu’il serait difficile de résumer. Quelques exemples : Teru est fière de ses résultats de première de sa promo et travaille jusqu’à en ruiner sa santé, Tasuku trouve cette fierté idiote, mais il ne peut s’empêcher d’être fière d’elle. Tasuku dit détester les naines au bonnet A et les culottes blanches, mais il n’hésite pas à confier aux autres qu’il aime ce genre de filles 🙂

Tasuku Kurosaki n’est pas un héros de shôjo manga, c’est un jeune homme amoureux et romantique, qui n’est pas fait de bois ! Si les shônens deviennent emo sous la plume des femmes, pourquoi pas un shôjo évoquant des thèmes proprement masculins – l’informatique et le désir – sous la plume d’un homme ?

Le thème du hacking / cracking est bien traité bien que superficiellement, car limité aux interventions de Daisy, mais donne suffisamment de consistance aux scènes d’action. C’est surtout l’univers de l’informatique qui est mis à l’honneur : son omniprésence dans la vie quotidienne du lycée, de la gestion au passe-temps, les falsifications de données pouvant détruire la vie d’un élève, la question récurrente de la sécurité, la convoitise suscitée par des logiciels développés par un génie. Si vous êtes fan de shôjo et geek informatique dans l’âme, vous serez agréablement surpris par le contexte créé, réaliste sans excès de détails techniques sur les deux premiers tomes. En tant qu’informaticienne, je suis un peu sur ma faim et j’ai hâte de lire l’évolution de ce pan de l’histoire ! Sans aller jusqu’à traiter de toutes les nouvelles technologies, le manga souligne l’importance du téléphone portable, confident de Teru et objet de toutes les convoitises.

Second thème et pas des moindres, le désir ! Mais à manier avec prudence ! C’est je crois l’ingrédient le plus difficilement utilisable et dosable sur l’ensemble d’une oeuvre manga. Les jôsei étant plutôt réservés aux jeunes femmes, les contraintes sont moindres et les auteurs ont carte blanche (Mari Okizaki la référence).
Certains mangas en font une base essentielle de l’intrigue : Video Girl Aï, Shinobi Life, … D’autres pêchent par excès (I’s notamment, limite catégorie hentaï) ou le grotesque (Kare First Love, Fushigi Yûgi n’en déplaise aux fans de la première heure !), ou sont carrément stériles (Nodame Cantabile, bien qu’étant un jôsei). Les meilleurs sont ceux qui le distillent avec un savoir-faire certain au sein de l’intrigue: Genshinken, l’infirmerie après les cours, voire Death Note …
Cela ne signifie pas que les mangas dénués sont mauvais, mais une part de réalisme est mise de côté, ils semblent asexués voire fades. Les histoires d’amour sans évocation du désir sont rares et ont moins d’impact, autant sur les femmes que les hommes.

2010_dengeki-daisy_27Dans le cas de Dengeki Daisy, le fait que le mangaka soit un homme lui permet des libertés qu’une mangaka sans expérience aurait du mal à avoir. Son point de vue masculin met en avant certains détails, réflexions ou répliques qui font mouche, sans jamais dépasser les limites. Que ce soit les illustrations, les plans rapprochés, les dialogues, tout transpire de désir, du type « je t’aime, moi non plus ». Ici, point de questionnements interminables de Teru, les personnages sont rapidement conscients de leurs sentiments, seul Tasuku fait souvent machine arrière de par son passé, il se retient même de dévoiler ses sentiments. Nous assistons à une valse d’attirances puis de rejets, qui en parallèle de l’intrigue sur le passé de Daisy / Sôichirô, rend l’attente du prochain tome interminable !

Pour faire tenir l’émulsion et alléger le tout, l’auteur y ajoute de l’humour et de la dérision : Teru qui lui lance des « Sois chauve ! » en guise d’insulte (!), Tasuku ayant des rêveries impures, Teru qui attire son attention en lui montrant son nombril ou qui balance un uppercut lorsqu’il se rapproche trop d’elle, … Les personnages sont tellement impulsifs qu’ils en deviennent imprévisibles, surprenants, hilarants !

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Un mot sur l’auteur

2010_dengeki-daisy_21Dengeki Daisy est la plus longue série de Kyôsuke Motomi / 最富キョウスケ et compte plus 6 tomes, publiés par Shôgakukan depuis octobre 2007. Ses séries sont toutes prépubliées dans le BetsuComi, où nous pouvions découvrir Basara, Hot Gimmick, Banana Fish, et actuellement C’étaient nous.

Concernant le style de l’auteur, il est bluffant tant il parait féminin de part la rondeur du tracé, parfois léger parfois dense, par le cadrage type déstructuré, par les quelques fleurs de Daisy parsemant les pages, par l’expressivité des visages. Teru est tantôt chaleureuse, tantôt glaciale, tantôt taquine, tantôt mélancolique. Tasuku joue les obsédés, les glandeurs de première, le tortionnaire, alors qu’il est attentif, prêt à agir, amoureux, déchiré. Ses expressions de psychopathe font froid dans le dos, et même Teru la forte tête ne peut qu’être terrorisée !
La précision des traits rappelle que l’auteur est un homme, même si ce genre d’argument ne tient plus la route face à des FMA ou Otomen.

Dengeki Daisy est la deuxième série en tankôbon de l’auteur et le dernier tome est parvenu à s’accrocher aux grands shôjos du moment tels que Otomen et Switch Girl !. Pour l’instant aucune adaptation en anime ou drama n’est prévu.

Ses réalisations :

  • Dengeki Daisy (2007-2010), édité par Kazé Manga en France et Viz Media aux Etats-Unis
  • Beast Master (2007), édité par Viz Media aux Etats-Unis
  • Seishun Survival (2006)
  • Purikyuu (2005)
  • BITTER II (2004)
  • Otokomae! Beads Club (2004)
  • Penguin Prince (2003)
  • Hetakuso Cupid (2002)

Conclusion

2010_dengeki-daisy_05Malgré un pitch un peu tiré par les cheveux, Dengeki Daisy est un shôjo manga original, rafraichissant et accrocheur, de par le personnage de Teru qui est un croisement réussi entre plusieurs héroïnes shôjos, et l’univers du hacking entourant le (pas si) mystérieux Daisy. Les interventions du cracker font crédibles et les piques de Tasuku sont désarmantes ! Le comique du duo Teru / Tasuku n’empêche pas la tristesse et le mystère liés à la mort du frère d’envahir le récit. L’auteur n’est autre qu’un homme, Motomi Kyousuke, qui réussit à faire de Dengeki Daisy un manga à la fois romantique, mélancolique, sensuel et plein d’humour !

Quelques liens :

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8 thoughts on “Dengeki Daisy / 電撃デイジー / Electric Daisy

  1. je suis tout a fait d’accord avec dengeki daisy est genial!!!

    mais comme je ne connais pas se site si tu veux on peux devenir amie sur skyrock

    voici mon pseudo: takkis-mangas
    si je ne te recconais pas dis ‘la fille du site de dengeki’

    1. Désolée de répondre aussi tard je reviens de vacances ! Contente que Dengeki Daisy te charme autant ^_^
      Je vais voir sur Skyrock à l’occasion (j’ai une tonne de boulot qui m’attend >_< )
      @bientôt ^o^

  2. Oh ! Je ne savais pas que c’est le même mangaka qui a fait Beast master que j’ai adoré, bien qu’il soit court. Quand j’aurai fini Dengeki Daisy, je regarderai ces autres oeuvres :3

    1. C’est encore moi ! Je voulais juste ajouter que le mangaka n’est pas un homme mais bien une femme, source sa page sur myanimelist.net.

      1. Oui elle a étrangement fait planer le doute ! Faut que je pense à réécrire mon article 😮 merci pour la remarque 😉

    2. Coucou Miyuki ! Omataze >_< Beast Master sort enfin en France, il était temps 🙂 malheureusement pour nous, c'est un auteur pas très prolifique et dont on voit peu d'oeuvres finalement, comme Bikke ou Shioko Mizuki ... Espérons que Kazé puisse sortir ses autres oeuvres courtes (en plus) !

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